Physiologie medicale

La physiologie, qui est « la science de la logique du vivant », est enseignée aux étudiants dès les premières années de leurs études universitaires. La physiologie humaine a connu son ère de gloire au dix-neuvième et au vingtième siècle à partir des travaux de Claude Bernard qui a su mettre en exergue le rôle fondamental de l’homéostasie du milieu intérieur. Pendant les années 50, 60 jusqu’aux années 70, 80 du siècle dernier, la physiologie d’organe a su intelligemment intégrer différents outils et concepts venus des disciplines voisines (comme l’anatomie et l’histologie, d’une part, et la biochimie et la biophysique, d’autre part) pour établir les relations entre structure et fonction et pour établir un pont entre les sciences fondamentales et cliniques. Science spécifique et descriptive, la physiologie est également une science singulière, puisqu’elle est probablement la science la plus proche de la médecine, dont elle est indissociable, tout en n’étant pas assimilable à cette dernière, comme l’atteste l’intitulé du prix «Nobel de Physiologie et de Médecine » qu’attribue chaque année la Fondation Nobel aux chercheurs du monde entier. La physiologie accompagne donc la médecine sur le chemin de l’apprentissage, du raisonnement et de la connaissance, la première précédant souvent la seconde (comme lors du cursus des études médicales en France). Un acquis du siècle passé a été l’application en médecine des connaissances sur le fonctionnement de l’organisme issues des recherches en physiologie. Ceci a d’ailleurs fortement contribué à la compréhension de nombreux désordres causés par les maladies et au traitement rationnel de certaines d’entre elles. Il n’en reste pas moins que la physiologie humaine classique est en quelque sorte uniciste ; c’est le fonctionnement de l’organisme normal qui est décrit dans les traités de physiologie alors qu’il existe dans la plupart des domaines, si ce n’est dans tous, une étendue de variations normales entre les individus. Gageons que le futur de la physiologie est de tirer parti des avancées du séquençage et du décryptage du génome pour comprendre les mécanismes de base non seulement des fonctions des organes, des systèmes et de l’organisme, mais aussi de cette diversité biologique. C’est d’ailleurs cette orientation qui se fait jour dans la dixième édition du précis de physiologie qui n’est plus le « GUYTON » mais est devenue le « GUYTON & HALL ».

Après Claude Bernard, d’autres figures illustres ont éclairé par leur savoir, leur charisme et surtout leur passion l’enseignement de la physiologie médicale. Arthur Guyton fait indiscutablement partie de ces enseignants exceptionnels dont l’œuvre, tant scientifique que pédagogique, a profondément marqué de nombreuses générations d’étudiants en médecine du monde entier. Il est usuel de dire que la valeur intrinsèque d’un ouvrage se mesure à sa durée d’existence. En étant aujourd’hui à sa dixième édition américaine, le Précis de Physiologie Médicale aura ainsi près d’un demi-siècle d’existence depuis la date de la parution de la première édition, en 1956 . En médecine et surtout en physiologie, la longévité d’un ouvrage n’est possible que grâce à une mise à jour rigoureuse et attentive des connaissances. Cette capacité d’adaptation et de rénovation a été clairement perçue par nous, les traducteurs de cet ouvrage, en comparant cette dixième édition à la huitième édition américaine qui fut également traduite en français par notre équipe. De nombreux paragraphes ont été modifiés et même des chapitres entiers ont été entièrement réécrits. Les notions de biologie moléculaire et cellulaire sont intégrées dans des schémas fonctionnels, donnant ainsi naissance à une physiologie moléculaire et cellulaire dont la compréhension n’a pour but que de faire émerger une physiologie intégrative allant des échelles moléculaire et cellulaire à celles du tissu, de l’organe et de l’organisme entier. Ceci confirme que la physiologie doit intégrer les données d